Dans le jardin de ma vie, il y a le narcisse. Plante vivace et persistante, qui à l’arrivée du printemps réinvente avec détermination et pourtant imperceptiblement une nouvelle tige aux fleurs fraîches et discrètement parfumées. 

Cette fleur n’est pas simplement blanche, avec des pétales délicats, veloutés et de longues feuilles pointues. Au-delà de toute apparence et de tout attribut manifeste, il y a un monde intérieur de celle-ci, incomparable et mystérieux. Un monde où elle ressent la caresse des rayons du soleil, le bleu doux du ciel et le vent, le bruissement des feuilles du peuplier au bout de l’allée et le bourdonnement des insectes qui rôdent autour d’elle, lui faisant la cour. Elle sursaute au chant des oiseaux et au coassement des grenouilles dans le lac. Elle admire la danse élégante des libellules et les couleurs des papillons. Elle accompagne le jeu joyeux des écureuils espiègles et s’accroupit au bruit des pas qui pourraient la fouler.  C’est un monde bigarré, mêlé d’harmonies et de dissonances, de beaux cheminements, d’émotions, de dilemmes, de transparence et de nébulosité.  

       Dans le jardin de ma vie, il y a le narcisse. Plante vivace, persistante, rustique, une composition éphémère d’esprit et de matière. Au passage, on peut discerner son enthousiasme et sa vigueur, sa confiance et son cœur encore jeune, à la recherche du lever du soleil.

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Narcisa Puf